CAF de Moselle: l'aide sociale menacée



L'Etat veut imposer des réductions budgétaires à la CAF. Celle de la Moselle bat le rappel des élus, inquiète de la future qualité du service rendu aux familles.

Nicole Chrétien, présidente du conseil d'administration de la CAF de Moselle (photo) n'y va pas par quatre chemins: "Les orientations stratégiques et les moyens budgétaires qu'entend nous allouer l'Etat jusqu'à 2008, vont clairement nous poser un problème de fonctionnement. Elles vont aussi remettre en cause notre action sociale, qui au cours de l'année écoulée a permis d'offrir 2,7 MEur en aides et prêts aux ménages les plus modestes de Moselle>. Ce qu'un certain nombre de CAF avaient réalisé dans la discrétion en adressant les motions à la Caisse nationale, l'institution de Moselle le réalise publiquement. Ce pavé dans la mare des élus est l'occasion pour la CAF de marquer symboliquement ses inquiétudes à propos du maintien de la qualité du service public rendu aux familles.


Nouvelles missions

Tandis que les CAF ont déployé d'importants efforts afin d'être plus performantes en faveur de leurs allocataires, voici que de nouvelles missions leur sont échues. "Le transfert aux CAF de la gestion des prestations familiales des fonctionnaires de l'Etat, de La Poste, de France Télécom, ainsi que la montée de la précarité, qui se traduit par un fort accroissement des bénéficiaires du RMI, ne s'accompagnent d'aucun moyen nouveau. Au contraire, au lieu des 500 personnels supplémentaires qui seraient nécessaires, l'Etat nous condamne à supprimer 500 emplois en France. Nous allons devoir faire plus avec moins>, estime la présidente Nicole Chrétien. La réduction qualifiée "d'aveugle> des moyens alloués aux CAF n'aura pas d'impact sur les prestations versées aux allocataires, mais selon les responsables mosellans: "La qualité du service rendu va fortement en pâtir, spécialement les familles les plus démunies>.

Le conseil d'administration de la CAF de Moselle, bien adapté en ce sens à la nature de la population de son territoire, a depuis des décennies engagé une politique sociale qui lui est propre. Il s'agit aussi bien du soutien aux contrats enfance et temps libre, que des aides directes ou des prêts consentis aux familles. Or pour la seule année 2004, 3 000 aides, pour un total de 1,5 MEur ont été servies. "Il s'agit d'une injection directe dans l'économie pour contribuer à aider des familles à payer leur électricité ou d'autres charges de fonctionnement. Dans le même temps, 1,2 MEur de prêts a permis de sauvegarder bien des familles dont la situation plonge de façon inquiétante depuis l'introduction de l'euro>, insiste Nicole Chrétien, qui mesure avec effroi "le risque qu'engendrerait l'arrêt de ces aides. Or, c'est bien à cela que nous sommes confrontés>.

Dans une Moselle qui a vu croître de 13,2 % le nombre des bénéficiaires du RMI (soit bien plus que la moyenne nationale), voici une bien mauvaise perspective. "C'est pourquoi nous tirons publiquement la sonnette d'alarme. Les élus doivent savoir ce qui se prépare".

Posté le Mer. - Avril 6, 2005 à 10:26 PM      


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